31 mai 2007

manche+normandie = temps de chien

j'en ai déjà un peu parlé, mais ça fait longtemps que je veux l'expliquer. Si mes photos sont grises, c'est qu'il fait gris. Si les photos ont un ciel bleu, c'est qu'on est chanceux.

La Normandie est située sur la Manche, ce qui donne une température assez maussade. Les nouvelles vont annoncer: une belle journée ensoleillée avec 25C sur le territoire français, à l'exception des côtes de la Manche ou on attend de la pluie et 15C .

On ne part jamais sans imperméable et il vaut toujours mieux amener un chandail. Ne jamais croire le beau ciel lorsqu'on se lève le matin. C'est assez triste mais bon... Le mois d'avril a été superbe. J'ai donné mes premières visites de plages en polo uniquement, le soleil nous réchauffant la couenne. On se disait qu'on était bien partis pour l'été et que ça allait être super plaisant.

Niet. Il a fait entre 5 et 15C tout le mois de mai, avec de la pluie un jour sur deux. Quelques journées chanceuses ont frôlé les 19C. J'ai donné mes visites de plages non seulement en portant un polar, mais avec foulard et manteau en me demandant pourquoi j'avais pas amené mes gants.

Alors on ne fait qu'espérer que juin sera mieux. Il devrait faire vraiment chaud en juillet mais... c'est la Normandie alors on ne sait jamais!

le monde est petit

plus tôt cette semaine, hélène K. vient me voir alors que je travaille à l'ordinateur au CJB.

helene k - helene, y'a une fille qui s'appelle anne-marie qui est venue me voir et qui te connais. Ça te dis quelque chose?
helene s - Euh, je connais des anne-marie, mais dans quel contexte je connaitrais celle-là?
helene k - ben je la connais aussi.
helene s - oui, mais moi je sais pas plus c'est qui.
helene k - ben elle vient de Gatineau.
helene s - ça m'aide pas beaucoup. Elle ressemble à quoi?
helene k - elle est belle.
helene s - non, ça m'aide pas plus. Comment tu la connais?
helene k- elle travaillait sur la Colline parlementaire avec Phil et moi l'été dernier. Elle étudie à l'UdeM.
helene s, se disant qu'on va bien finir par l'identifier - En quoi?
helene k - euh... en politique?
helene s, ayant une illumination - Est-ce que son chum est français?
helene k - Rémi! tu le connais? Il est cool hein!

ouf, on y est arrivé. Anne-Marie, qui étudiait dans notre bacc lors de la première année et qui a préféré continuer en communication politique à l'UdeM est venue nous rendre visite. En fait, elle suivait un cours d'été sur le Canada et la guerre et ils faisaient un séjour de 2 semaines en Europe, faisant le tour des lieux commémoratifs importants. C'était bizarre et agréable. Je suppose aussi que ce ne sera pas la seule rencontre inopinée de l'été.

30 mai 2007

Les guides de Juno Beach

Vous deviez-vous demander pourquoi je ne vous ai pas encore présenté les autres guides. En fait, j'attendais ça. On est maintenant en ligne, pour que la terre entière puisse venir voir nos binettes et savoir pourquoi on trouve que c'est important travailler au JBC!

Vous pouvez aussi consulter la description que Philippe fait de notre petite équipe.

Ça fait maintenant plus d'un mois que nous sommes arrivés. Un mois à travailler ensemble et à vivre ensemble. Ça va plutôt bien jusqu'à présent: on a une liste pour le ménage et chacun doit faire sa part. Nos horaires pour le CJB sont fait pour chaque mois alors on sait à l'avance nos congés et on peut planifier. Pour ce qui est de l'équipe, maintenant que je la connais mieux, je peux vous la décrire un peu plus.

Philippe - a fait un baccalauréat en Économie à McGill et vient de terminer sa première année en Droit à Ottawa. Comme il le dit lui-même, il a appris l'anglais à Montréal et pratique son françaisa Ottawa. Il est originaire de Gatineau et a travaillé au cours des étés précédents au Parlement comme guide. Lorsqu'il était à McGill, il a été président du Club de Débat. Devinez donc, il adore argumenter. Comme nos vues politiques sont divergentes, on parle beaucoup de politiques économiques et sociales, on parle d'éducation, de santé et de tout ce qui peut être à l'actualité politique au Québec. C'est très intéressant! Philippe est aussi fier de son alimentation à la française: vin, fromage, charcuterie et baguette pour dîner et souper.

Hélène K - a été baptisée Junior cette semaine. D'abord pour nous différencer, mais aussi puisque c'est la plus jeune parmi nous. Elle n'aime pas trop, mais bon.. :) Hélène étudie en linguistique à Queens et elle vient de London, Ontario. Lorsqu'elle parle français, on croirait presque qu'elle est québécoise tellement son accent est sans faute. Elle parle aussi italien et allemand parfaitement. Elle connaissait déjà Philippe puisqu'ils ont travaillé l'été passé au Parlement. Hélène se décrit elle-même comme quelqu'un de très naïf, et c'est en fait assez sympathique. Sa tolérance à l'alcool est nulle alors nous on en profite! À la fin de l'été, Hélène partira en échange pour 1 an à Fribourg en Allemagne. Elle est donc en Europe pour plus longtemps que moi!

Mélanie-Ève - vient de Scoudouc au Nouveau-Brunswick. Elle fait un bacc en Science Politique et participe allègrement à nos conversations politiques. Lorsque Mélanie croît à quelque chose, ses yeux brille, son ton monte, elle gigote sur sa chaise et on a juste le goût de la croire. Surtout si ça concerne l'Acadie! Mélanie-Ève est décidément quelqu'un de passionné. Elle compte faire des études en droit après son bacc. Mélanie cuisine beaucoup, parle beaucoup au téléphone et elle a pris sur elle de décorer la chambre qu'on partage toutes les deux. On a un énorme drapeau de l'Acadie sur un mur alors ça illumine un peu!

Ben - est un canadien de partout. Colombie-Britannique, Alberta, mais il a aussi vécu un an à Montréal puisqu'il étudiait le français à l'UdeM. Il vient de terminer un bacc. en Relations Internationales et commencera en septembre des études en Enseignement du Français langue seconde à Ottawa. Dans sa vie mouvementée, Ben a déjà vécu un an en Belgique où il faisait un échange Rotary et quelques mois en Pologne. C'est notre grand frère puisqu'il a 26 ans. C'est aussi le plus relax parmi nous, à prendre chaque chose comme elle vient, à ne jamais être fâché et à toujours donner le meilleur de lui-même. Ben est un spécialiste des Pancakes et du mix saucisse-patate.

Katya - est notre chef-guide. Elle est ici depuis février et a donc vécu avec la première équipe de guides en plus de vivre la saison morte, froide et humide de février-mars. Elle est originaire de Breakyville à Québec et termine présentement sa maîtrise en éducation. Comme elle fait tout cela par correspondance et qu'elle vient de terminer l'écriture de son mémoire, elle a été très occupée au cours des dernières semaines. Qu'elle le veuille ou pas, en tant que chef-guide et ancienne et ayant le même âge noble que Ben, soit 26 ans, elle est notre grande soeur, notre maman, et elle remplit très bien ce rôle. Elle est la courroie de transmission entre le personnel permanent et nous et elle dénoue tout les petits noeuds qui peuvent apparaître au fil de nos journées. C'est parfois une job ingrate mais Katya s'en sort très bien, à notre profit à tous bien sûr.

Apprendre le français en 4 mois, phase 3

Ben, anglophone d'origine, essaie de perfectionner son français au maximum cet été. Par exemple, cette semaine il a appris les mots: glander, fripouille, fainéant. Il essaie de les utiliser au max, et son défi est de mettre des expressions désuètes dans sa vie de tous les jours au musée.

Aujourd'hui, Ben a appris une leçon primordiale. J'étais en congé et comme il a plut toute la journée, il était évident que je n'ai pas fait grand chose.

Ben, revenant du travail: Hey Hélène, est-ce que tu t'es glandée toute la journée?

On s'est fait un malin plaisir, après le fou rire qui nous a habité, de lui expliquer la différence entre Glander toute la journée et Se glander toute la journée.

Cheers.

Les fondateurs

Il y a dix ans, un groupe de vétérans canadiens est revenu en Normandie. Ils avaient participé au débarquement et désiraient faire le tour des villages normands que les Canadiens avaient libérés le matin du 6 juin 1944. Lors de ce voyage, ils se sont aperçus qu'aucun musée n'existait pour rappeler que les Canadiens avaient pris part au débarquement. Pire, aucun musée en Europe était consacré à la participation canadienne à la Seconde guerre mondiale.

Ils sont revenus au Canada bien déçus et ont décidé, à 75 ans, de créer un musée. Initialement, l'idée était d'ériger un petit centre interactif, orienté principalement vers l'éducation des enfants, où les visiteurs auraient pu faire des recherches sur des ordinateurs. Ces vétérans et leurs familles étaient dirigés par un vétéran, Garth Webb, et par sa conjointe, Lise Cooper.

Alors qu'entreprendre une campagne de financement d'une telle ampleur aurait pu mettre des années à se concrétiser, ils ont réussi à amasser 12 millions de dollars canadiens en quelques années. Inauguré en grandes pompes il y a quatre ans, lors du 59eme anniversaire du débarquement de Normandie, le centre est avant tout un lieu d'apprentissage et de commémoration et non un musée sur la guerre. Les enfants l'adore et j'ai même lu hier dans le livre d'Or ce commentaire d'un enfant "I normally hate museums but this one definitely changed my mind."

Comme ce sont les vétérans qui sont à l'origine de la création du centre, ce dernier est privé. C'est en fait un organisme à but non-lucratif, géré par un conseil d'administration où siègent Lise, Garth et deux des enfants de Lise. Beaucoup de visiteurs arrivent de Vimy, où c'est gratuit pour les Canadiens puisque c'est le fédéral qui gère le lieu, et ne comprenent pas pourquoi ils ne reçoivent pas une entrée gratuite. Même chose pour les vétérans: les vétérans et veuves de guerre de la Seconde guerre entrent gratuitement, mais les vétérans d'autres guerres ont un tarif réduit, pas la gratuité. On essaie de faire un point d'honneur de mentionner au gens que comme c'est un musée privé, c'est les tarifs d'entrée et les dons qui nous permettent d'exister. Si c'était gratuit pour tout le monde.... Comme moyen de financement, le musée vend des briques bleues: on peut y écrire son nom, ou celui de quelqu'un qui aurait participé à la guerre. (Sur la photo en haut, les briques sont sur les colonnes bleues à gauche de la statue).

La cause est excellente et les moyens d'y parvenir très honorables. Mon employeur n'est pas le fédéral et il ne fait pas de profit de ses activités. Outre l'aspect historique et éducatif, l'intention était aussi d'amener un peu du Canada en sol Normand, et notre présence s'inscrit donc dans cette logique.

Garth et Lise étaient en visite il y a deux semaines et ils sont venus passer la soirée à la Maison des guides. Ils ont 86 ans maintenant et sont vigoureux comme jamais. Garth a passé la soirée a faire des blagues et il était heureux comme tout d'apprendre à nous connaître. C'est d'ailleurs lui qui a insisté pour que ce soit des jeunes canadiens qui soient les guides au musée et non pas des français comme dans tous les autres musées. C'était vraiment inspirant pour nous de pouvoir parler avec eux. Cela a, dans mon cas, immortalisé et concretisé ma présence ici.

Le lendemain, une cérémonie spéciale se tenait au CJB. Une école secondaire de la région effectuait un échange scolaire avec une école au Québec et les jeunes avaient acheté deux briques et allaient honorer la mémoire de 2 soldats de leur région. Pour cette journée, tous les guides étaient en poste et les employés permanents avaient prévu un horaire spécial pour ce groupe particulier. Comme Lise et Garth y prenaient part, il était primordial que tout se déroule bien.

Le groupe d'une soixantaine d'élèves arrivent en matinée. Première erreur, le professeur avait insisté pour avoir la présentation de Mario. Mario est un soldat qui s'adresse normalement à des enfants de 10 ans. Ces jeunes avaient 17-18 ans alors imaginez un peu leur tête. Puis, ils vont dans le musée. En 20 minutes, ils ont fait le tour et fume des cigarettes à l'extérieur. ?? Normalement, les groupes scolaires restent minimum une heure à l'intérieur et ça c'est justement lorsqu'ils ont 10 ans. À ce moment, on commence sérieusement à se poser des questions sur l'intérêt que ces jeunes portent au musée. Tout leur voyage était axé sur cette cérémonie de commémoration, et pardonnez l'expression, mais tout le monde au CJB s'était fendu le cul pour que tout se déroule bien.

Je me dis, AH, je vais les rattraper lors de la visite de plage. Je pars donc avec un groupe de 20 filles, moitié française, moitié québécoise. Malheureusement, au bout de cinq minutes, je me dois de constater que je n'ai l'attention que de 3 de ces filles alors que toutes les autres placotent, se regardent les ongles ou ne m'écoutent simplement pas.

Mesdemoiselles, si ce que je dis ne vous intéresse pas, vous pouvez retourner au musée. Par contre, si vous restez ici, je vous demanderai de garder le silence.

Le simple fait d'avoir à dire ça à des jeunes pour qui nous nous sommes donné un trouble immense et qui, de surcroît, devrait être intéressés par la visite de par la cérémonie spéciale organisée pour et par eux me fait voir bleu. Alors que j'aurai pu arrêter après les avoir simplement rabrouées, je ne fais ni une ni deux et me lance dans ce qu'on appelle entre guide le Guilt Speach.

Si ce n'est pas pour moi ou pour vos autres camarades, gardez le silence par respect pour les vétérans qui ont fondé ce centre. C'est un mémorial ici, et en ce moment, non seulement vous insultez les vétérans, mais vous bafouez la mémoire de tous les soldats qui sont décédés à la guerre et en l'honneur de qui ce musée a été construit.

Silence.

Je n'avais jamais eux à faire cette sortie avec un groupe parce que normalement, les gens sont intéressés. Mais j'étais tellement insultée par l'attitude condescendante de ces filles que j'ai continué ma visite en serrant les machoires. Après cinq minutes, elles s'étaient remises à placoter en restant un peu à l'écart, mais comme j'avais l'attention de 4 ou 5 filles de plus, ça me contentait. Les plus irrespectueuses étaient en fait les québécoises alors que la plupart des françaises m'écoutaient. Lorsque nous sommes arrivées sur la plage, il me restait environ 5 minutes de visite à faire. C'est la partie la plus intéressante, celle où on décrit le débarquement. Mais bon, les caméras sont sorties des sacoches et mesdames ont préféré faire une session photo. J'ai coupé court, et je suis revenu à l'intérieur fulminante.

Alors que nous étions en train de partager nos horribles expériences avec ce groupe insupportable, nous avons entendu le professeur québécois invectiver ses étudiants pour leur attitude. Lorsque j'ai quitté la plage, il paraît que les françaises sont tombées sur les québécoises et leur ont passé un savon pour leur attitude détestable. Ce fut mon seul réconfort de la journée. La cérémonie s'est somme toute bien déroulée. Avec chance, Garth et Lise n'ont rien vu de tout cela, mais nous, on rumine encore.

28 mai 2007

Le tumulte de la mer

Sur la plage, il vente tellement que mon souffle s'envole. Le vent s'immisce et bouscule, il chavire et fait fuir. L'océan a sortit ses moutons et les marins n'osent affronter cette horde.

Le chagrin mélancolique du vent emplit mes oreilles, son souffle s'ennoue dans mes cheveux, mes yeux pleurent, ma peau brûle, mon nez coule. Mai m'enroule de son manteau humide et froid.

Dans le tumulte, la mer se déchaîne. Elle se débat et tente de sortir de son étau. Pourtant, toujours, elle se contient et retourne d'où elle vient.

26 mai 2007

P'tites vacances

mais où étais-je donc, de demander ma maman?

Je reviens effectivement de mon premier congé. Nous avons, au cours de l'été, une série de trois jours et une série de quatre jours de congé. Alors on tient évidemment à les maximiser. Pour le mois de mai, le hasard (ou le personnel permanent, comme vous voulez) à choisi Philippe et moi pour avoir une série de trois jours. Je ne les aurai définitivement pas pris aussi tôt, ça fait seulement un mois qu'on est arrivé et il reste encore trois mois... mais bon...

Premier arrêt - Honfleur
C'est donc minimalement motivée que je suis partie pour ce congé de trois jours. Le soir avant mon départ, nous avions pris quelques bières avec des canadiens-anglais que nous avions inopinément hébergés pour la nuit. Si vous comprenez l'anglais, le récit qu'a fait mon collègue Philippe de cette soirée est très fidèle, alors je ne nous répéterai pas.

J'ai quitté très tôt le matin, le premier autobus pour Caen passait à 5h5o, ce qui m'a permis d'attraper un bus express pour Honfleur. Je suis descendue de l'autobus à Honfleur à 8h45, pour m'apercevoir que tout était fermé... J'ai donc tranquillement déjeuné sur une terrase désertée dans le port. Honfleur est une ville merveilleusement calme et paisible et bien que les touristes y affluent en masse, ses petites rues coquètes vous accueillent gentillement d'une fraîche brise et d'un racoin d'ombre. Pour la première fois en 3 semaines, le soleil se pointait le nez en Normandie. Et oui, la griseur de mes photos précédentes n'était que le reflet du mauvais temps que nous avons eu au cours des dernières semaines.

Honfleur, c'est aussi une ville d'artistes. De nombreux peintres sont installés au port, et le paysage qui s'offre à eux (et nous) ravi l'oeil. De nombreux ateliers se trouvent d'ailleurs dans la petite ville. Ses petites rues sillonent une colline, s'entrecroisent dans une plaisante anarchie, le tout sur un pavé en pierre. J'ai d'ailleurs eu très peur de m'être foulée la cheville en perdant pied sur ses pierres..
Deuxième arrêt - Le Havre
Après avoir déambulé quelques heures dans Honfleur, je prend l'autobus pour me rendre au Havre. J'ai passé l'après-midi à chercher un hôtel, le prix que j'étais prête à payer montant au fil des refus que je rencontrais. Un séminaire avait lieu cette journée-là dans la ville et tous les hôtels étaient réservés. Cette ville me plaisait énormément, avec sa promenade de 4 kilomètres sur la plage, ses grandes rues piétonnes, ses artères garnies d'arbres centennaires, et c'est avec beaucoup de déception que j'ai dû quitter pour mon prochain arrêt. J'aurais dû réserver, mais j'aime beaucoup mieux choisir mon havre d'une nuit à son aspect et au feeling de son quartier que via Internet... Je me suis par contre promis de revenir au Havre cet été, n'en ayant décidement pas vu assez.

Troisième arrêt - Dieppe
Je suis quand même une fille prévoyante, et je m'étais arrangé pour avoir une réservation à Dieppe en quittant le Havre. Je suis arrivée à Dieppe vers 21h00 et mon hôtel se trouvait tout près de la gare. Bon, c'était un espèce d'hôtel bon marché d'une grande chaîne, alors c'était ni coquet, ni sympathique, ni charmant, mais c'était un lit (en fait 4 lits puisque c'était une chambre familiale, la dernière de l'hôtel) et c'était ce que j'avais besoin. J'ai déambulé sur la promenade près de la mer pendant 1 heure à la recherche d'un restaurant, il était donc passé 10h00 et je n'avais toujours pas soupé. Je n'arrivai pas à trouver un resto qui coûtait moins de 25 euros. En demandant à des passants qui semblaient être de Dieppe (la dame avait un chien..), ils m'ont pointé le vrai port, où j'ai pu trouver une dizaine de bistros, restos, bars, etc. J'ai mal fait mon choix et ma bouffe était médiocre, le vin quasi imbuvable, mais c'est au moins l'estomac plein que je suis revenue à mon hôtel.

Le lendemain, je me suis beaucoup promenée dans la ville et j'ai eu droit à une visite privée du Mémorial du 19 août 1942. Je m'explique. Ce mémorial est ouvert seulement les fins de semaine en mai et il était donc fermé. Comme le raid de Dieppe était l'unique raison de ma présence en cette ville, c'était assez décevant de partir sans avoir eu aucune information à ce sujet. Une gentille dame a donc téléphoné aux responsables pour vérifier s'ils seraient disponibles pour m'ouvrir le musée. Ils avaient effectivement une rencontre avec la mairie cette journée là et ils m'ont donné rendez-vous en après-midi. Et bien le président de l'Association Jubilée qui a fondé le mémorial, monsieur Gérard, m'a pris sous son aîle et s'est donné comme mission non seulement de me faire visiter le musée, mais aussi d'agrémenter la visite d'anecdotes et d'explications. Il était tellement content d'accueillir une québécoise travaillant au centre Juno Beach..

Le musée est situé dans un ancien théâtre qui a survécu aux bombardements et bien que l'immeuble soit décrépi, il donne beaucoup d'ambience à la visite. Dans la salle d'exposition, la scène accueille une série de 50 portraits d'anciens combattants canadiens qui ont participés au raid de Dieppe en 1942. 50 vieillards, nobles, fiers et beaux. Ils trônent sur la scène et vous observent, sourire aux lèvres, l'air de vous dire "Oui, j'y étais. J'ai survécu, mais surtout, j'ai vécu." On ne parle pas souvent de Dieppe, mais 5000 canadiens faisaient parti d'une troupe de 6000 soldats qui ont tenté une brève percée dans cette ville fortifiée. De ces 6000 soldats, seulement 2000 ont pu être évacués. Les autres ont été tués, blessés et fait prisonniers. C'était la première bataille des Canadiens en sol européen et ce fut une complète raclée. Je trouvais cela important de visiter cet endroit pour m'imprégner un peu de son histoire. Et ces monsieurs de l'Association Jubilée m'ont donné beaucoup plus que je ne croyais y trouver. Visiter des musées permet de prendre connaissance de l'aspect historique de la guerre. Mais ce sont toutes les anectodes et les histoires qui nous rappellent l'aspect humain de la guerre et sous l'aspect humain se trouve l'horreur, la souffrance, mais aussi la compassion, la générosité et le courage.

Quatrième arrêt - Rouen
Après cette sympathique visite, j'ai fait mon bout de chemin pour aller à Rouen. J'ai loué une chambre près de la gare et je suis allée au cinéma voir Spiderman 3. Christoph va m'arracher la tête, mais j'ai haïe. Fin de la parenthèse.

Le lendemain, alors que j'étais assise sur une terrase à siroter une bière, j'ai commencé à me sentir mal. Des symptômes que je connaissais très bien pour les avoir eu pendant un an au Panama. Je me remettais à faire de l'asthme. Mon asthme de voyage s'apparentent en fait plus à une méchante bronchite qu'à de l'asthme normal. Je tousse, mouche et je fais de la fièvre, le tout accompagné d'une sentiment extrême de lourdeur physique. Et bien, en 15 minutes, tout cela m'est revenu à Rouen. La dernière fois que j'étais en France il y a 4 ans, j'avais aussi fait de l'asthme mais cela m'était, jusqu'à présent, épargné. Rouen était par contre très polluée et malgré le soleil, un épais smog flottait au dessus de la ville cette journée-là.

À ce moment de ma journée, j'avais assez marché dans Rouen pour m'apercevoir que c'était pas une ville très plaisante. C'est un espèce de mélange hétéroclite de résidentiel, de commercial, d'industriel, enchevêtré de ruelles piétonnes et marchandes, mais sans trop de logiques. Il n'y a pas de musées passionnants et l'histoire qui a rendue cette ville célèbre est celle de Jeanne d'Arc, mais sans plus. Au fait que la ville ne m'emballait pas s'ajoutait donc mon malaise physique. Je n'ai fait ni une ni deux et je suis repartie vers la gare. Peu m'importait d'arriver tôt à Courseulles, je ne voulais plus rester dans cet univers pollué et malsain pour ma santé.

Je vous rassure, dès que le train a quitté Rouen, je me suis sentie mieux et je n'en ai plus traces aujourd'hui. Je ne retournerai par contre pas à Rouen. Je suis arrivée à Courseulles pour le souper sans embûches.

En définitive
Il est définitif que cette petite escapade m'a fait du bien. On n'y pense pas nécessairement mais vivre et travailler avec les mêmes cinq personnes implique aussi de les côtoyer jour et nuit et ça peut être assez pesant. Non pas que nous ayions des problèmes particuliers, mais partir quelques jours m'a permit de me retrouver seule avec moi-même pour la première fois en un mois.

Je suis une personne particulièrement sociable, mais une p'tite solitude de temps à autre n'est jamais de trop. Je crois aussi que j'étais dû pour prendre rendez-vous avec mon moi intérieur. Je l'ai beaucoup délaissé dans tous ces préparatifs de voyages, dans l'énervement et le stress du moment présent, dans la peur d'oublier des gens ou de ne pas profiter d'eux assez avant mon départ. Et depuis mon arrivée ici, mon rythme de vie était calqué sur nos horaires de travail assez contraignants alors je ne me permettais pas de souffler beaucoup.

Je n'ai donc absolument pas recherché de contact social pendant ces trois jours, m'enfermant dans ma chambre le soir venu, pouvant passer 2 heures seule à une terrase à lire ou écrire, le tout dans un état d'esprit complètement apaisé. Je vous reviens donc fraîche et dispose, prête à affronter les prochains défis qui s'offrent à moi. Au mois de juin, j'ai beaucoup de fin de semaine de deux jours d'affilés et je compte bien en profiter. Mon prochain vrai congé ne sera pas avant la fin août lorsque mes parents viendront me visiter, alors il faut que je prenne soin de moi d'ici là!

25 mai 2007

..

ma jupe vole au vent,
ma peau sent le soleil,
mes cheveux sont en bataille, mais de la bonne façon, celle qui me plaît.
mon esprit respire la fraicheur,
bien que mes pensées n'aient pas repris leur court normal,
elles semblent se remettre en place à leur rythme.
mon sac est léger,
mais mes souvenirs sont bien en place.

je vous reviens après trois jours de vacances,
trois jours de déambulage, de vagabondage,
trois jours à penser, à me parler,
trois jours à m'écouter, chose que je ne prenais plus le temps de faire.

21 mai 2007

Apprendre le français en 4 mois, phase 2

Philippe - Hello, Bonjour
Couple français, dans la soixantaine, déambulant dans le hall du musée - Bonjour
Philippe, gaiement - Êtes-vous intéressés à visiter le musée?
Couple, bouche-bée, yeux exorbités, l'oreille tendue à la recherche de sons connus - ...
Philippe, sourcil surélevé, en mode attente - ...
Couple français, excédé - FRANÇAIS!!

quand la grève va tout va

La perspective d'une grève des transports à Montréal m'enrage, tout autant que la grève de 2003 m'enrageait. Je trouve que c'est totalement inacceptable d'être pris en étau par 2200 employés qui font 50 000$ par année dans un conflit de négociation qui ne devrait absolument pas mener à une grève.

dans le mouvement syndical, une grève servait à l'origine à manifester contre une situation jugée inacceptable par un groupe d'employé. De plus, dans un contexte ou la sécurité d'emploi des employés du métro est assurée, il est encore moins justifiable de faire appel à la grève. Une grève à tout les 4 ans quand la convention arrive à échéance? Ne sommes nous pas capables de négocier sans avoir recours à la grève? Bien sûr, le fait que le public soit utilisé comme canalysateur augmente la pression mise pour régler le conflit et sert la cause syndicale.

En 2003, je devais arriver à Montréal à 9h00 pour commencer mes cours à 13h00. Aucun autobus n'assurait la liaison vers Montréal. 4 heures de temps perdu à cause des grévistes de la
STM. Et idem pour le retour. Oh, des remboursements ont été octroyés, par contre à l'époque, ma TRAM5 me coutaît presque 100$ alors que la CAM de montréal coutaît 25$. Un remboursement de 2,50 a été donné à tous. Pour un montréalais, c'était 10% du coût total. Pour la banlieusarde que j'étais à l'époque, c'était 2,5%. On s'entend que pour tout le trouble donné aux gens de la rive-nord et de la rive-sud, c'est vraiment - pardon maman - n'importe quoi.

En fonction d'une grève à venir des transports en commun, voici quelques trucs qui devrait être pris en compte. D'abord, les services d'autobus des couronnes devraient s'adapter et permettre quelques connexions en dehors des heures de service de la STM. Ils devraient traverser les ponts, du moins pour permettre le relais vers l'île, surtout qu'eux ne sont pas en grève. Des implications financières sont évidemment à considérer, mais il s'agit d'offrir un bon service à la clientèle et s'assurer une liaison minimum. Puis, les remboursements devraient être octroyés au ratio du coût de la passe. C'est triste pour les gens de Montréal, mais la grève est tellement plus contraignante pour les gens des alentours.

Même si je ne suis pas à Montréal, je compatis avec ceux qui souffriront des aléas de la grève, si grève il y a. Nous survivrons!

20 mai 2007

Apprendre le français en 4 mois

Français, faisant la conversation - Et vous êtes ici pour toute l'année?
moi, faisant la conversation aussi - Seulement pour 4 mois. Nous sommes arrivés il y a trois semaines, et on repart à la fin août.
Français - Oh, mais c'est très bien! Vous allez pouvoir améliorer votre français!
moi, après un silence lourd de sens - Oui, effectivement. Surtout que c'est ma langue maternelle.

19 mai 2007

drôle de hasards

mon amie martine de Gaspé m'a écrit un courriel il y a quelques jours. En visitant mon blog, elle a vu dans la marge Olivieretfrancoistraversentlecanadaavelo. Et bien elle connaît le Olivier en question, mais les hasards de la vie sont ainsi faits qu'elle n'a jamais eu l'occasion de le rencontrer dans une de mes soirées...

Olivier connaît le frère de Martine - ils ont étudié ensemble à Sherbrooke - et lors d'un voyage a vélo en Gaspésie il y a deux ou trois ans, il avait fait un arrêt chez Martine! je voulais partager la chose et vous inviter à faire un p'tit tour sur le blog de ces garçons. Leurs aventures sont sympa, leur voyage périlleux et leur écriture agréable!

en vrac

je viens d'enligner cinq jours de travail et je suis claquée. Pas fatiguée: morte et lessivée.

bien que notre emploi soit plaisant pour l'aspect contact avec le public et historique, ça implique aussi de passer de 7 ou 8 heures debout. J'ai toujours eu de la difficulté à être debout longtemps (j'ai d'ailleurs des sympathiques orthèses dans mes souliers) et cela me demande beaucoup d'effort physique. C'est aussi sept ou huit heures de sourires, de bonjour, d'amabilité, de serviabilité, de Ben oui monsieur, je suis québécoise, et, parfois, du même discours répété 30, 40, 50 fois. C'est éreintant physiquement et psychologiquement beaucoup plus qu'on l'avait tous pensé. Et beaucoup plus que 6 heures de CAV chez Hydro...

Don't get me wrong. C'est super plaisant, quand les gens sont plaisants. Mais c'est pas du gâteau. Par exemple, en France, en Belgique et en Hollande, c'est le congé de l'Ascencion en fin de semaine. Nous avons donc eu trois fois plus de visiteurs dans les deux derniers jours qu'habituellement, et j'ai fait des visites de plages en devant m'époumoner pour que ma voix, portant au vent, se rende aux frêles oreilles des mes visiteurs.

J'ai une petite journée de congé demain, et j'enfile trois autres journées de travail ensuite. Par contre, j'ai mon premier congé mercredi-jeudi et vendredi prochain, et je planifie présentement ce que je ferai de ce congé de trois jours. je suis en paresse totale, et je refuse jusqu'à maintenant de planifier ce trois jours de congé. J'ai bien quelques idées, mais je n'ai pas arrêté mon choix. Dieppe? Le mont-Saint-Michel? Honfleur? Le Havre? Rouen? Vimy? Un peu de tout?

16 mai 2007

Réflexionons et soyez impliqués!

Conscience: helene, qu'est-ce que c'est que cette réflexion qui se trame en toi? T'en parles sur ton blog, mais je sais pas trop où tu t'en vas avec tes grands sabots..
moi: ben... euh... ben.. j'ai justement dit dans mon post que c'était un PROCESSUS de réflexion. Ce qui implique nécessairement que c'est pas encore à point . Ben désolée mais va falloir que t'attendes comme tout le monde.
Conscience: Attends, j'ai même pas droit, en tant que Conscience, à un petit indice? Tsé, faut que j'me prépare moi là..
moi: j'pense que tu vois ça plus gros que ça l'est. Sincèrement.
Conscience: Non, non, non. Tu peux pas unilatéralement décider de pas me mettre au courant de tes états de CONSCIENCE. Tu vois? Mon nom est là, ça veut dire que j'ai le droit de savoir.
moi: ah! tu commences à me taper sur les nerfs. laisse moi écrire mon blog en paix.
Conscience: Est-ce un questionnement existenciel? Est-ce ton futur en jeu? Ta carrière? NON, pas ton orientation sexuelle?
moi: eille, t'écoute jamais quand j'te parle toi? Il me semble que c'était clair que c'était sur la guerre ma réflexion, non? Toi, des fois..
Conscience: fuuuuu! T'es raide à soir! Pour de vrai, ça m'aide pas vraiment plus.. Tu trouves pas que je mérite de partager ta réflexion sur la guerre? C'est pas comme si j'y étais pas, moi aussi, en normandie à parler de tout ça.
moi: Si tu y tiens tant que ça, j'te propose quelque chose. Je vais te poser une série de questions et tes réponses vont m'aider à cibler mon propre questionnement, pis après j'le partagerai avec toi. Qu'est-ce t'en penses?
Conscience: Ok!
moi:
1) Qu'est-ce que tu sais de la deuxième guerre mondiale? Ce que t'en sais, tu l'as appris de quelle manière?
2) Ton sentiment général face à tout ce qui touche la guerre se situerait à quel niveau? Qu'est-ce qui pourrait la justifier?
3) Qu'est-ce que le Jour du souvenir évoque en toi?
4) Que représente le coquelicot?
5) En quoi consiste notre devoir de mémoire?


EDITo: j'apprécierai vos contributions à ma réflexion. c'était pas juste une conversation Conscience-helene, ça vous concernait aussi :P

14 mai 2007

Ouistreham

Il s'avère que Ben et moi avons, ce mois-ci, les lundis de congé en commun. Et il s'avère aussi que Ben et moi concevons de la même manière nos congés. Je veux dire que nous sommes allés à Caen la semaine passée et que dans les musées, nous avons le même rythme de croisière et que dans la rue, nous déambulons sans trop nous poser de questions. Un peu comme avec Martin à NY l'été passé. Ce qui implique que ce n'est pas déplaisant de planifier nos jours de congés ensemble!

Bref, nous avions décidé hier d'aller voir le Grand Bunker de Ouistreham aujourd'hui. Ouistreham se trouve à une quinzaine de kilomètres de Courseulles. Un autobus effectue la liaison à partir de Luc-sur-Mer, à mi-chemin. Toutefois, la vie est ainsi faite que notre autobus arrivait à 11h06 et que le transfert partait à 11h00. Et ainsi de suite tout l'après-midi. Nous avons donc quitté avec objectif de transiter par Caen. Une fois à Luc, Ben me propose de sortir et de profiter du soleil. Le plan est de marcher tout en sporadiquement faire du pouce pour finalement arriver à Ouistreham. Ben compte beaucoup sur sa patch CANADA sur son sac pour nous attirer des sympathisants.

Chapitre 1 - La pluie
Il fait beau alors on prend la décision d'éviter le détour de 1h30 par Caen et on sort de l'autobus. On marche 5 minutes, le temps d'arriver à la plage et le ciel nous y attend. En 1 minute, la Normandie a eu raison de nous. Piteux, mouillés jusqu'aux os, avec une pluie torrentielle qui s'abat non pas naturellement à la verticale, mais bien à l'horizontale pour bien mouiller l'entièreté de nos personnes.

Chapitre 2 - Le lift
Je répète, piteux et mouillés, nous tendons le pouce d'une manière de plus en plus acharnée, essayant tant bien que mal de sourire pour qu'un gentil automobiliste daigne nous prendre, bien que complètement trempés. Comble de bonheur, deux sympathiques parisiennes nous embarquent. Trouvant qu'on fait tellement pitié, elles feront les quelques kilomètres supplémentaires jusqu'à Ouistreham pour nous laisser devant le Grand Bunker lui-même. Merci mesdames!

Chapitre 3 - C'est pas tous les musées qui sont beaux..
On se fait souvent dire au Centre que c'est le meilleur musée que les gens ont visité, que c'est très beau, etc. etc. Toutefois, on a compris pourquoi aujourd'hui en comparant avec les deux musées de Ouistreham.
Le Grand Bunker était occupé par les Allemands et abritait tout un arsenal militaire, mais aussi de télécommunication. La cinquantaine d'Allemands qui y travaillaient, conscient qu'ils étaient prisonniers de leur propre forteresse, n'ont pas pris part à la bataille lors de la capture de Ouistreham. Ils ont continué à donner des directions radio pour les tirs anti-aériens et navaux mais n'ont pas ouvert le feu directement. Lorsque les alliés ont pénétré dans le Bunker, les Allemands se sont tous rendus, sans résister.

Le musée est organisé comme à l'époque, mais il commence à prendre de l'âge, les artefacts n'étant pas clairement identifiés et certains descriptifs étaient dactylographiés.... Ce qui a par contre été le plus troublant pour nous furent nos amis les mannequins. À droite, le meilleur exemple que nous ayons trouvé dans ce musée aux horreurs faciales.

Nous avons ensuite visité le Musée No 4 Commando dédié aux commandos envoyés derrière les lignes ennemies. Encore une fois, un musée trop vieux, mal organisé et sans trop d'ordre logique. C'est pas parce qu'on a des artefacts qu'il faut les pitcher un peu partout..

Notre constat à Ben et moi, le Centre Juno Beach mérite sa réputation. C'est un musée récent, plaisant, bien organisé, avec beaucoup d'articles interactifs, sonores et visuels, avec des artefacts suffisants et bien disposés, et surtout, des guides canadiens cutes, sympa et bilingues :)

Chapitre 4 - Retour à Caen
De retour à Caen, nous trouvons pour une deuxième fois consécutive un de ces jouets pour enfant que nous nous faisons un plaisir de tester. Il est 15h00 et nous avons deux objectifs: manger et prendre une bière. Il semble par contre que la possibilité d'offrir nourriture ET boisson soit difficilement concevable dans ce coin de pays. Nous marchons pendant près d'une heure, avec un objectif limité à ce stade de notre aventure. Notre ventre crie, notre portefeuille se plaint, et nous tentons de trouver un resto cheap.

Et Ben d'offrir ce que je n'aurais jamais osé demander: What about McDonald's?
Et oui. Et sans surprise, comme toujours, ça goûte la même chose et tu te sens tellement pas plus heureux après avoir engloutit le tout...

À ce moment de la journée, nous n'avons toujours pas réglé notre désir de boire une bière alors nous nous dirigeons vers notre arrêt d'autobus, pour ensuite biffurquer vers le port. Notre choix s'arrête sur un endroit qui avait plus tôt arrêté notre regard. Le bar se nomme Les Caves Thorel et l'aspect cave est bien présent, avec des murs en vieilles briques et des immenses tonneaux de bières. La serveuse doit bien avoir soixante-dix-douze ans mais elle s'évertue avec énormément de grâce à amener nos bières sans en renverser.

Avec un accent comme ça, vous êtes canadiens c'est sûr. Vous savez, à chaque fois que j'entends cet accent, ça me rappelle ma grand-mère. Ma grand-mère parlait le patois normand, avec un accent comme le vôtre, et elle parlait français comme moi et ma mère, mais toujours avec son accent. Ma mère n'aimait pas le patois alors elle s'est évertuée de perdre cet accent qui est le vôtre. Moi, je n'ai pas vraiment choisi vous savez. Cet accent-là n'allait qu'avec les aînés lorsque j'étais plus jeune!

C'est comme la première fois que les Canadiens nous ont libérés. J'avais quinze ans, alors je m'en souviens! Ça faisait 4 ans qu'on nous bombardait, 4 ans à avoir faim, la nourriture était rationnée vous savez! À Caen, quatre-vingt pour cent de la ville avait été détruite par les bombardements. Et les Allemands, ce n'étaient pas tous des anges. Plusieurs ont quitté la ville dès le début de l'invasion, mais ceux qui restaient, c'était des vrais, des durs de durs. À un moment, ils tiraient sur tout ce qui bougeait dans la ville: ca
nadiens, anglais ou civils. Oh, mais vous savez, je n'avais que quinze ans à cette époque. Ma mère avait peur, mais moi j'avais l'insouciance de mon âge. Non, je n'ai pas eu peur.

Quand les Canadiens sont arrivés, nous avons été très heureux d'entendre le français de nos grand-parents dans la bouche de ces proches cousins. Parce que, vous savez, nous sommes cousins deux fois. D'abord par la nouvelle-france, puis par le débarquement. Quand les Canadiens-français sont débarqués à Caen, à la fin août 44, ils nous ont donné du chocolat! Ça faisait des mois que tout était rationné alors vous imaginez le beau présent que cela était!

Je vous jure que ça a été la bière la plus historique de ma vie. Madame Thorel m'a laissé prendre ses soixante-dix-huit années en photo et nous lui avons promis de revenir lui rendre visite cet été. Elle travaille les samedis après-midi et les lundis pour donner des congés à son fils, qui a pris en charge le bar familial. La bâtisse a été reconstruite après la guerre et Les Caves Thorel servent depuis les années cinquante.

13 mai 2007

Les vélos

on est six guides.
on a trois vélos.
ce qui donne deux guides par vélo. dépôt aidant, on ne partage pas les vélos.

le premier va pas si pire, mais il n'est pas à moi alors aucune chance.

le deuxième c'est celui des garçons. Après avoir fait 3 mètres, le frein est resté dans les mains de philippe. 1 minutes plus tard, il sacrait à tout vents. 3 minutes plus tard, il jurait de ne plus embarquer sur ce diable. 10 minutes plus tard, à la maison, c'était pas beau à voir. Le lendemain, lorsque Ben a pris le vélo, le pneu arrière a eu une crevaison.

le dernier, c'est le mellow-yellow et c'est celui des hélènes. Après avoir fait 3 mètres, la seule différence entre le mien et celui des garçons, c'était le fait que le frein tenait encore. 1 minute plus tard, je sacrais contre la roue arrière qui balotte droite-gauche en continu puisqu'elle est croche. 3 minutes plus tard, je jurais de ne plus embarquer sur ce diable. Le lendemain pourtant, j'ai insisté. En mettant mes fesses sur le siège, je me suis souvenu en 2 points osseux très précis de mon fessier que le siège était horriblement inconfortable, en plus de balancer d'avant à arrière. Hier, lorsque l'autre hélène a ambitionné et a tenté de faire quelques kilomètres avec mellow-yellow, elle a eu une crevaison. Pas ici. Pas là-bas. LA-BAS. Elle a marché 2 heures avec mellow-yellow.

on oublie les vélos cet été. je me reprendrai à la haye!

Les frères Rousseau

31 mars
j'ai reçu un courriel de normandie aujourd'hui. ce n'est pas comme si je ne m'y était pas attendu, mais mes devoirs sont arrivés. mon premier exercice consiste à trouver un soldat canadien tombé au combat et enterré dans un des deux cimetières près de Courseulles-sur-mer. j'ai donc 1) à trouver un soldat 2) à réussir à fouiller son passé pour obtenir toute sorte de factoïdes 3) à tenter de trouver de sa famille disponible pour une tite jasette 4) préparer une présentation de 5 minutes.

j'ai donc passé la matinée à farfouiner sur le net pour trouver un canadien-français tombé en normandie. je me suis arrêtée sur le lieutenant Philippe Rousseau, originaire de Montmagny, un parachutiste décédé le 6 juin 1944, soit dans la nuit du débarquement de Normandie. Son frère Maurice est décédé 3 mois plus tard en normandie aussi, et ils sont enterrés l'un à côté de l'autre au cimetière de Ranville. En écrivant au Régiment de parachutistes canadiens, j'ai été mise en contact avec Jan de Vries, un vétéran ayant appartenu au 1er bataillon de parachutistes canadien.

5 avril
M. De vries me répond mais n'a que très peu d'information sur les frères Rousseau, ne les ayant pas lui même connu. Il me réfère à monsieur Andrew Roy, un autre vétéran qui a été en contact avec trois frères et soeurs des Rousseau il y a trois ans.

7 avril
J'appelle Monsieur Roy. Il me dit d'abord que la famille Rousseau n'était pas intéressée à partager l'histoire de leurs frères lorsqu'il les a rencontré. Ils sont assez âgés et sont - selon lui - des gens assez bourgeois de la haute ville de Québec. Il me déconseille fortement de prendre contact avec eux, ce qui limite mes chances d'avoir des informations supplémentaires pour ma biographie. Il me réfère tout de même à un français, monsieur Alain Sillas.

Alors qu'il déposait des drapeaux canadiens sur les tombes des frères Rousseau au cimetière de Ranville en 2004, un homme, monsieur Sillas, lui a demandé s'il les connaissait. Il a donc répondu avoir servi avec eux pendant la guerre. Monsieur Sillas lui a donc raconté être en train d'écrire un livre avec quelques chapitres sur les frères Rousseau. Le père de sa femme avait servit avec Maurice dans les Special Air Service britanniques, des commandos de parachutistes sur-entraînés avec les missions les plus périlleuses de toute l'armée. Maurice Rousseau était mort en permettant à son beau-père et à 2 autres hommes de s'échapper, et monsieur Sillas voulait rendre hommage à tous ces Canadiens qui étaient venus se battre en Europe et qui y avaient laissé la vie.

J'ai donc pris contact avec monsieur Sillas qui m'a cordiallement et sympathiquement invité à lui rendre visite lors de mon séjour à Paris. Entretemps, j'ai visité la Grande bibliothèque et j'ai épluché les livres sur le débarquement et sur les parachutistes pour retracer toute information succeptible de m'aider dans ma recherche.

24 avril
Arrivée à Paris depuis 24 heures, je me rends en banlieue pour rencontrer Monsieur Sillas. Je vous ai déjà montré des photos de son appartement et de sa collection, mais je me dois de réitérer que c'était très impressionant que de voir quelqu'un d'aussi passionné. Il avait même prit congé la journée où je suis allée le visiter. J'ai dîné avec lui et sa femme Marie-Hélène et il a partagé avec moi tous ce qu'il savait des frères Rousseau. Ils devraient d'ailleurs me rendre visite cet été, ce qui devrait s'avérer très plaisant!

29 avril
Pendant notre arrêt au cimetière de Ranville lors de la formation, je fais mon petit exposé de cinq minutes. En fait, je crois que ça a peut-être duré un peu plus puisque je trouvais important de parler de Philippe, mais aussi de Maurice puisque leurs histoires vont de pair. Voici donc le récit de Philippe Rousseau:

Lieutenant Philippe Rousseau

2 mai 1921 – 6 juin 1944

Décédé à Gonneville-sur-Mer, Calvados, France

Philippe Rousseau est né à Montréal, mais demeurait à Montmagny, près de Québec. Il était le fils de Lacasse Rousseau, ingénieur-électricien et de Gabrielle Fafard.

Il venait d’une famille de 14 enfants, 12 garçons et 2 filles. Parmi ceux-ci se trouvait le Lieutenant Maurice qui faisait partie du Special Air Service (SAS), Jacques, directeur du Jardin Botanique de Montréal, et ses deux sœurs étudiantes en médecine, Pauline et Marie, avec lui sur la photo de droite.

Philippe Rousseau intègre le Régiment de la Chaudière à Lévis avant de s’enrôler dans le Premier Bataillon de parachutistes dès sa création en juillet 1942. Il est déjà officier, ayant gradué du Royal Military College de Kingston avec Maurice. Il se qualifie comme parachutiste à Ringway en Angleterre à la fin de 1943, peu après son frère. Sur la photo, Philippe est à gauche et Maurice à droite, alors tout deux membres du Premier Bataillon de parachutistes canadiens.

Durant l’hiver 1944, il succède à son frère Maurice comme officier de la section 4 de la compagnie B. Il ne parle alors que peu l’anglais mais apprend très rapidement. Il parlera toujours dans des élans passionnés que ses hommes n’oublieront jamais.

Maurice s’est quant à lui engagé dans le SAS, le Special Air Service, abandonnant son grade de capitaine pour redevenir lieutenant. « He was eager to come to grips with the enemy and had no way of knowing when D-Day would be. » (A Rising of courage) Le SAS est une unité de parachutistes britanniques faisant partie de commandos spéciaux. Leurs missions sont toujours périeuses et consistent à effectuer du sabotage, à voler les banques pour fournir de l'argent allemand aux alliés ou encore à attaquer des convois, le tout derrière les lignes ennemies et coupé de tout renfort. Les SAS nuisent tellement aux Allemands qu'Hitler a ordonné que tout membre du SAS fait prisonnier soit immédiatement abattu.

L’invasion

Les troupes aéroportées prennent place à bord des avions pour la traversée de la Manche vers minuit dans la nuit du 5 au 6 juin 1944. Pour remonter le moral de ses troupes, le Lieutenant Philippe Rousseau chante et bat la mesure. A 0100, le groupe de 20 hommes est largué en trois étapes, le lieutenant Rousseau étant le dernier d’entre tous à sauter de l’avion. Alors que le Drop Zone (DZ) ne devait avoir que quelques centaines de mètres et avoir déjà été sécurisé par la compagnie C, de nombreux problèmes firent en sorte que les parachutistes furent largués dans une zone 40 fois plus large que prévue. Les parachutistes n’atterrirent donc ni groupés, ni « en sécurité ». Nombreux furent ceux qui se noyèrent, parachutés dans des champs ennoyés par les allemands et alourdis par les munitions supplémentaires qu’ils portaient, ou qui furent fait prisonniers par les allemands alertés de l’imminence d’une invasion alliée.

Alors que ses hommes tentaient aussi bien que mal de se regrouper, le lieutenant Rousseau menait à bien la mission secrète qui lui avait été confiée, tout comme à deux autres hommes, l’ordonnance James George Broadfoot et le Caporal Boyd Anderson. Le caporal Anderson explique ainsi leur mission:

Lt Rousseau explained that some ten miles or so from our drop zone was the town of Dozule, which our intelligence people did not know very much about. It was located on a main highway going to Caen. The name of the mayor of Dozule was also Rousseau, the same name as my officer. It was thought that the mayor was friendly to our cause. The plan was for Lt Rousseau, the batman Broadfoot, and me to meet in the drop zone with all haste. We were to ignore whatever trouble was going on and to proceed immediately by whatever means we could to Dozule and locate Mayor Rousseau and strike up a conversation with him with the hope of establishing a relationship and find out the numbers and disposition of the German troops in the area. Lt Rousseau was very excited about this assignment and of course I was pleased to have been selected for this dangerous but unusual task and, like Lt Rousseau, I was all gung ho to get at the job. Little did I know that Lt Rousseau would be killed in the early daylight hours of the first day and that Broadfoot would be shot to death in the ditch the next afternoon just a few feet from were I was located behind a hedgerow. (Boys of the cloud)

Ayant sauté en dernier de l’avion, le lieutenant Rousseau ne trouva que quatre de ses hommes, et il n’arriva à retrouver ni le soldat Broadfoot, ni le caporal Anderson. Il se dirigea immédiatement vers la maison la plus proche pour prendre des repères, et il s’aperçut en parlant avec ses habitants qu’il avait été parachuté à plus de vingt kilomètres à l’est de son objectif.

Cela ne le démina pourtant pas puisqu’il avait été parachuté plus près de son objectif que prévu. Le lieutenant pris alors immédiatement la direction de Dozulé pour remplir sa mission accompagné des soldats rencontrés.

Deux heures plus tard, les cinq hommes furent pris dans un feu croisé avec des soldats allemands et le lieutenant Rousseau et le soldat Oxtoby périrent sur le coup. « Il est très possible que si le lieutenant Rousseau avait pris sa place dans le rang comme l’aurait fait tout autre officier, il n’eut pas été tué, mais comme d’habitude, il prenait soin de ses hommes avant tout et marchait à la tête de la petite troupe » raconte le soldat Irwin Willsey. Les balles atteignirent les grenades à phosphore que portait le lieutenant Rousseau à sa ceinture et celles-ci s’enflammèrent. Toutefois, les opinions divergent à savoir s’ils périrent des brulures ou des tirs ennemis. Deux des soldats les accompagnants réussirent à s’en tirer indemnes, alors que le troisième fut blessé et fait prisonnier peu après.

« Le lieutenant Rousseau était, je le répète un vrai soldat, un homme d’honneur, discipliné et je suis convaincu qu’il fit le maximum pour mener à bien sa mission sur Dozulé. S’il n’avait pas eu cet ordre, il serait resté dans les parages dans le but de retrouver le reste du groupe. » Caporal Anderson (Gonneville-sur-Mer 1939-1944)

Maurice, le frère de Philippe, n’apprit que le 19 septembre 1944 la mort de son frère survenue lors du débarquement. Ce dernier n’avait finalement passé que 2 heures en sol français. L’ironie du sort voulait que Maurice trouve la mort le lendemain, 20 septembre, sauvant 3 de ses hommes en affrontant seul une cinquantaine d’allemands. Les deux frères sont enterrés l’un à côté de l’autre au cimetière militaire de Ranville en Normandie.

Pascal et le Kendo

mon p'tit frère pascal a une nouvelle passion depuis qu'il habite montréal. Il pratique le Kendo trois fois par semaine. Le kendo, c'est un art martial japonais qui ressemble à ça, le dehors en moins dans le cas de pascal. Je n'avais malheureusement aucune photo de lui en habit de kendo, mais j'en ai de steph par exemple!!!

Depuis qu'il fait du Kendo, pascal a un agenda très rempli. Il est pratiquement impossible de le voir les lundis-mercredis-vendredis soir, sauf après le kendo. La seule fois où je l'ai vu manquer une séance de kendo, c'est pour mon party de départ et j'ai presque dû utiliser la menace. Il aime ça le Kendo. Comme c'est un sport très exigeant, ses avants-bras sont maintenant dûrs comme fer. Son agilité, sa vitesse et ses réflexes s'approchent tranquillement de son but ultime: devenir un ninja. Mais c'est une autre histoire.

Bref, la fin de semaine passée, Pascal prenait part à sa première compétition de Kendo. Comme il ne m'a pas encore dit comment ça c'était passé, Pascal ne sait pas que je sais, mais je sais puisque ma mère et moi on se parle assez souvent. Donc, la fin de semaine dernière, Max, Eli, ma mère, Patrice, Johanne, la mère de Pascal et Claude, son copain, ont assisté à la compétition de Pascal. C'est assez sympathique puisque c'est comme s'il avait 8 ans et que c'était sa première compétition, à la différence prêt qu'il a 20 ans ! J'aurais bien aimé y être..

Alors un beau bravo à mon pascal qui s'en est tiré en deuxième position dans sa catégorie! et je te promets de m'y mettre, au moins une fois à mon retour, pour voir si j'aime ça..

EDITo: je m'aperçois que je l'ai pas dit dans ce post, mais je suis fière de toi pascal. Alors je réétablis la situation et je mets une photo de toi, à ta compétition, dans tes habits.

10 mai 2007

réflexionons

en passant, les photos d'il y a deux jours font partie d'un processus de réflexion. Elles m'ont absolument frappé lorsque je les ai vues à Caen, et je sais qu'elles peuvent choquer ou troubler, et je m'en excuse.

J'espère pouvoir partager d'ici la fin de l'été les résultats de ce processus de réflexion, mais il est évident que d'apprendre les horreurs de la seconde guerre mondiale et que de passer ses journées à les expliquer à des visiteurs me propose un état psychologique réflexif..

The Netherlands Air Force

Dans le quotidien du travail au centre, nous recevons des groupes de visiteurs. Écoles, camps de jours, groupes touristiques, etc. Ce matin par contre, j'ai eu une visite des plus plaisante, stimulante, et hors de l'ordinaire. Nous recevions un groupe de 40 militaires hollandais. Nous avons ouvert le musée une demi-heure plus tôt pour qu'ils puissent déjeuner. Hier, deux de nos employées permanentes avaient interminablement cuisiné plus de 50 oeufs cuits durs et elles ont fait des litres de café ce matin. Nos amis hollandais sont donc arrivés, pile poil à l'heure, d'habits militaires vétus et ils ont petit-déjeuner tout tranquillement.

Le plus plaisant fut de faire la visite de plage avec eux. J'étais un peu stressée avant leur arrivée puisque je n'avais jamais fait de visite devant un groupe aussi large, ni devant des
militaires. Il s'agissait d'une visite privée de 30 minutes, soit 15 minutes de moins que notre visite habituelle. Ils ne parlaient pas beaucoup anglais alors j'ai dû m'efforcer de parler t r e s t r a n q u i l l e m e n t. Pour ceux qui me connaissent, c'est beaucoup demander, mais je vous rassure, mon débit ralentit au fil de l'incompréhension des français face à mon accent!

C'était donc la première fois que j'avais un groupe:
1) aussi discipliné (ya! right, they are soldiers!)
2) aussi intéressé
3) et qui comprenait les allusions militaires auxquelles je fais référence durant la visite

Leurs yeux reflétaient l'intérêt et je voyais que plusieurs faisaient de gros efforts pour comprendre toute l'information que je leur donnais sur les Canadiens, la seconde guerre et le débarquement. L'aspect militaire les intéressait décidément, mais ils étaient tout aussi attentifs face à l'histoire du Canada, à l'entre-deux guerres et à la bataille de Dieppe.

Bref, la visite c'est très bien passée. C'est vraiment plaisant de voir que les gens s'intéressent vraiment à l'histoire du Canada. En Europe, la plupart des gens ne connaissent pratiquement rien du Canada et nos visites nous donne la chance de leur parler un peu de certains faits peu connus. Ces messieurs m'ont même applaudis à la fin de la visite. Par contre, je n'ai pas de mérite parce que c'est l'officier en charge qui a applaudit en premier, et tous les autres n'ont fait que suivre... sans surprise!

7 mai 2007

Mémorial de Caen

La douleur m'a brisée, la fraternité m'a relevée. De ma blessure a jailli un fleuve de liberté. Paul Doré

6 mai 2007

le meilleur

Parce qu'il est le seul à m'avoir appelé Hélène-Singe toute mon enfance,
Et parce qu'il ne le fait plus maintenant que je suis grande...
Parce qu'il m'a appris à jouer de la guitare,
Parce qu'il m'a enseigné à conduire,
Parce qu'il m'a montré à cuisiner le meilleur couscous, le meilleur ragoût de boulettes et le meilleur roti de boeuf,
Parce qu'il m'a dit lorsque j'avais 15 ans et que je voulais être cool que si je rasais mes cheveux, il ne me parlait pas jusqu'à ce qu'ils repoussent,
Parce que je me suis beaucoup ennuyé de lui quand il habitait loin la bas et nous tout ici,
Parce qu'il m'a dit lorsque j'ai eu 18 ans que la vie m'attendait et qu'il n'en tenait qu'à moi de saisir cette chance,
Parce qu'il pose des questions indiscrètes à la façon d'un papa, c'est-à-dire sans être indiscret,
Parce que quand je le vois, c'est pas compliqué et c'est tellement enrichissant,
Parce qu'il est unique et irremplaçable,
Parce qu'il m'aime et que je le sais,

Mon père est le meilleur.

je t'aime papa et bonne fête

5 mai 2007

Mais il est tout petit!

Guide: Madame, je suis désolé mais les chiens ne sont pas permis dans le musée.
Madame au chien: Mais il est tout petit!
Guide: Malheureusement, il ne peut pas entrer.
Madame au chien: Mais il ne bougera pas, regarder il est dans son sac!
Guide: Tout de même, cela ne sera pas possible.
Madame au chien: Mais je vous dis qu'il est tout petit et qu'il ne bougera pas!

Devant l'insistance de la dame-au-chien, deux options s'offrent au guide:
1) faire appel à son sentiment de culpabilité et lui rappeler que le musée est en fait un mémorial au 359 canadiens qui ont perdus la vie lors du débarquement et au 45 000 canadiens décédés lors de la seconde guerre mondiale et qui ont permis la libération de son pays.
2) faire appel de manière démesurée à nos différences culturelles et lui dire qu'au Canada, les chiens ne sont permis dans aucun endroit public et que le centre fonctionne selon les pratiques canadiennes.

Mon option préférée est définitivement d'utiliser l'option 1, en poussant l'argument et en regardant la dame, le cas échéant, rougir et être minimalement inconfortable. Si cela ne vient pas, au moins son chien n'est plus dans notre musée. Y'a des limites à tout!

L'autochtone et le français

hier, j'ai fait une visite de plage en anglais pour un groupe d'étudiants français qui sont en classe d'immersion anglophone. Voici le commentaire d'un étudiant sur le formulaire d'évaluation que nous leur avons remis: Autochtones gentils.

Autochtone. Vraiment? Je crois que mon exposé sur l'Inukshuk qui se trouve près du musée les a confondus...

2 mai 2007

CJB- La formation

Je suis maintenant en Normandie depuis une semaine et demie. Le temps passe très vite et c'est assez surprenant. Disons qu'avec la formation des guides au Centre Juno Beach (CJB), nous avons été très occupés et qu'avec des journées de 10-12 heures, nous n'avions pas trop le temps de nous ennuyer. Je vais essayer de vous conter mes premières journées ici, bien que nous avons vu tellement de trucs que c'est assez dur de tout vous résumer.

Jour 1 - CJB
Nous recevons une introduction au fonctionnement du centre. Le centre est privé, financé quasi uniquement par des donations et quatre employées permanentes travaillent à l'année ici, en Normandie, pour faire fonctionner le tout.

Notre rôle à nous, et bien c'est tout le reste. Monter les 15 drapeaux des pays ayant pris part au débarquement le matin (yak, les cacas de mouettes!), accueillir bilinguement les visiteurs dans le hall, s'occuper de la boutique, diriger les visiteurs, leur faire une introduction à la visite, accueillir les groupes scolaires et faire les visites de plages.

Nous découvrons le centre en tant que visiteur, faisons le tour de l'exposition et une visite de plage privée.

Jour 2 - visite du secteur Canadien JUNO
Avant la construction du centre, aucun monument commémoratif d'envergure n'était présent dans la région pour rappeler la participation canadienne au débarquement.

On trouve tout de même des stèles, des plaques et de petites pierres disséminées à travers les villages avoisinants pour remercier les canadiens pour la libération. Lors de cette première journée terrain, nous avons fait le tour de ces endroits.

La photo à droite vous donne une idée du type de terrain que les canadiens ont du parcourir pendant la bataille. Pour réussir à percer, les canadiens devaient traverser des champs très plats et les allemands, pas cons, avaient établis leurs positions d'abord dans les villages, puis sur le renflement que vous voyez au loin. Ils n'avaient qu'à abattre les soldats qui essayaient de traverses les champs. La petite bâtisse est en fait une station de lave-linge. Les canadiens s'y sont cachés et ont organisé l'offensive à partir de cet endroit, qui était le seul leur offrant une protection. On trouve sur cette station deux plaques commémoratives remerciant les Royal Winnipeg Rifles.

Ensuite, arrêt à Courseulles pour voir le DD Tank. Il s'agit d'un tank qui avait été modifié pour être amphibie. Il devait réussir à être largué au large et à atteindre la côte en même temps que l'infanterie. Celui-ci a coulé, tout comme les 33 autres sur un total de 40. La technologie n'était pas très au point...

Nous nous dirigeons ensuite vers Bernières-sur-Mer, mais vous connaissez déjà cette histoire.

Saint-Aubin-sur-Mer nous attend
ensuite, là où est débarqué le North Shore du Nouveau-Brunswick. En débarquant, les nouveaux-brunswickais se sont trouvés sous le feu de ce méchant ami qui je crois, est un 50 mm.

Nous nous rendons ensuite au cimetière canadien de Bény-sur-Mer à Reviers, et trois de mes collègues nous présentent la biographie du soldat décédé au combat qu'ils ont choisis.

Nous enchaînons ensuite vers Villons-les-Buissons, Hell's Corner, Buron et Saint-Contest. À Saint-Contest, 37 canadiens ont été executés par les allemands. Les corps de 5 d'entre eux ont même été laissés sur la route et des tanks leurs ont roulés dessus une journée durant sans que les habitants puissent intervenir. Un mémorial leur est dédié à cet endroit. Cette histoire n'est bien sûr pas sans rappeler celle de l'Abbaye d'Ardenne que je vous ai conté il y a quelques jours. C'est bien sûr notre prochain arrêt et nous passons près de deux heures avec M. Vico qui, pour ses quatre-vingt quelques années, est dans une forme surprenante ce jour-là!

Jour 3 - Visite des secteurs britanniques SWORD et GOLD, et visite du secteur américain OMAHA
Notre journée commence avec la visite du cimetière de Ranville, où mon soldat est enterré. Je fais donc ma petite présentation, sur laquelle je reviendrai plus tard comme ce billet commence déjà à être fastidieux!

Prochaine étape, Pegasus Bridge. Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, 600 canadiens sont parachutés près de Varaville pour prendre contrôle de certaines routes et certains ponts clés pour l'invasion, et pour ensuite contrer les renforts allemands arrivant de l'Est. Des avions planeurs seront aussi utilisés par les britanniques pour atteindre les mêmes visées. Le musée rappelle cette histoire. Il est construit à côté du premier pont à avoir été saisi par les troupes aéroportées alliées: il a été capturé en quelques minutes seulement. Il importait de faire aussi vite puisque les allemands avaient positionnés des charges explosives sur le pont, sachant qu'il était primordial advenant une invasion pour permettre le transport de troupes et d'armements à l'intérieur des terres.

Arromanches est notre prochain arrêt. Les alliés y ont installé un port artificiel, constitué de bloc de bétons tel que celui que vous voyez sur la photo. 15 bateaux avaient été coulés au large pour venir briser les vagues puissantes de la Manche et créer une baie artificielle. Malheureusement, la journée était brumeuse et nous n'avons pu qu'entre-apercevoir les blocs de bétons au loin. Sur la photo, on aperçoit un caisson et au loin, à gauche, trois caissons supplémentaires.

Un arrêt digne de mention pour quiconcque vient faire un tour dans la région est la batterie côtière allemande de Longue-sur-Mer. Il s'agit de quatre bunkers abritrant chacun un canon de 150mm orienté vers la mer. De nombreux édifices en béton faisait partie de cette batterie côtière et tiennent encore debout sur le terrain avoisinant. Alors, sur la photo, vous pouvez voir Helene K au bout du canon, Mélanie-Ève, moi, Benjamin et Philippe.

Après cela, le cimetière américain de Colleville-sur-Mer nous attend. Nous nous rendons ensuite à la Pointe-du-Hoc, un autre lieu qui mérite le détour. Les allemands avaient établis à la Pointe-du-Hoc une position abritant des canons et bunkers, tout comme un poste d'observation. On peut voir les vestiges des bunkers, des tourelles de tirs, mais aussi des bombardements alliés effectués pendant l'invasion. C'était assez prenant et impressionnant comme visite... l'endroit lui-même est un champ de plusieurs centaines de mètres de large...

Nous avons terminé cette journée par une visite au cimetière allemand de Lacombe. Je reviendrai plus tard sur les cimetières parce que les photos valent la peine d'être montrées... chaque cimetière de guerre dégage un sentiment qui lui est propre...

Jour 4 - CJB
De retour au centre, nous devons maintenant faire la démonstration de notre maîtrise des textes de visites. Ça a l'air plutôt facile comme ça, mais nous avons eu 4 textes à apprendre, en anglais et en français. Le plus ardu fut évidemment celui de la visite de plage. Le CJB est le seul musée sur le débarquement à offrir des visites de plages, c'est notre spécialité! J'étais beaucoup plus embêtée par ce dernier que par les autres puisque le texte de visite de plage avait à lui seul 11 pages et que la visite dure 45 minutes! J'ai donc décidé de l'apprendre en anglais uniquement pour conditionner ma mémoire aux termes militaires en anglais. Les autres textes à apprendre n'étaient que des versions abrégées de celui-ci, donc les autres ne m'inquiétaient pas trop.

Tout s'est bien passé, et hier j'ai fait deux visites de plages toute seule! C'était plutôt facile, avec un couple le matin et avec une famille de trois l'après-midi. C'est moi qui fait les visites cette semaine alors je pourrai me pratiquer beaucoup dans les jours à venir. C'est décidément la partie la plus plaisante de notre travail puisqu'on a un contact particulier avec le visiteur..

C'est ce qui fait le tour pour notre formation. Ça a été une première semaine très chargée, mais très intéressante aussi. Il nous reste beaucoup de lectures à faire, mais nous commençons tous à bien maîtriser notre contenu. Voilà!

 

Free Blog Counter