14 mai 2007

Ouistreham

Il s'avère que Ben et moi avons, ce mois-ci, les lundis de congé en commun. Et il s'avère aussi que Ben et moi concevons de la même manière nos congés. Je veux dire que nous sommes allés à Caen la semaine passée et que dans les musées, nous avons le même rythme de croisière et que dans la rue, nous déambulons sans trop nous poser de questions. Un peu comme avec Martin à NY l'été passé. Ce qui implique que ce n'est pas déplaisant de planifier nos jours de congés ensemble!

Bref, nous avions décidé hier d'aller voir le Grand Bunker de Ouistreham aujourd'hui. Ouistreham se trouve à une quinzaine de kilomètres de Courseulles. Un autobus effectue la liaison à partir de Luc-sur-Mer, à mi-chemin. Toutefois, la vie est ainsi faite que notre autobus arrivait à 11h06 et que le transfert partait à 11h00. Et ainsi de suite tout l'après-midi. Nous avons donc quitté avec objectif de transiter par Caen. Une fois à Luc, Ben me propose de sortir et de profiter du soleil. Le plan est de marcher tout en sporadiquement faire du pouce pour finalement arriver à Ouistreham. Ben compte beaucoup sur sa patch CANADA sur son sac pour nous attirer des sympathisants.

Chapitre 1 - La pluie
Il fait beau alors on prend la décision d'éviter le détour de 1h30 par Caen et on sort de l'autobus. On marche 5 minutes, le temps d'arriver à la plage et le ciel nous y attend. En 1 minute, la Normandie a eu raison de nous. Piteux, mouillés jusqu'aux os, avec une pluie torrentielle qui s'abat non pas naturellement à la verticale, mais bien à l'horizontale pour bien mouiller l'entièreté de nos personnes.

Chapitre 2 - Le lift
Je répète, piteux et mouillés, nous tendons le pouce d'une manière de plus en plus acharnée, essayant tant bien que mal de sourire pour qu'un gentil automobiliste daigne nous prendre, bien que complètement trempés. Comble de bonheur, deux sympathiques parisiennes nous embarquent. Trouvant qu'on fait tellement pitié, elles feront les quelques kilomètres supplémentaires jusqu'à Ouistreham pour nous laisser devant le Grand Bunker lui-même. Merci mesdames!

Chapitre 3 - C'est pas tous les musées qui sont beaux..
On se fait souvent dire au Centre que c'est le meilleur musée que les gens ont visité, que c'est très beau, etc. etc. Toutefois, on a compris pourquoi aujourd'hui en comparant avec les deux musées de Ouistreham.
Le Grand Bunker était occupé par les Allemands et abritait tout un arsenal militaire, mais aussi de télécommunication. La cinquantaine d'Allemands qui y travaillaient, conscient qu'ils étaient prisonniers de leur propre forteresse, n'ont pas pris part à la bataille lors de la capture de Ouistreham. Ils ont continué à donner des directions radio pour les tirs anti-aériens et navaux mais n'ont pas ouvert le feu directement. Lorsque les alliés ont pénétré dans le Bunker, les Allemands se sont tous rendus, sans résister.

Le musée est organisé comme à l'époque, mais il commence à prendre de l'âge, les artefacts n'étant pas clairement identifiés et certains descriptifs étaient dactylographiés.... Ce qui a par contre été le plus troublant pour nous furent nos amis les mannequins. À droite, le meilleur exemple que nous ayons trouvé dans ce musée aux horreurs faciales.

Nous avons ensuite visité le Musée No 4 Commando dédié aux commandos envoyés derrière les lignes ennemies. Encore une fois, un musée trop vieux, mal organisé et sans trop d'ordre logique. C'est pas parce qu'on a des artefacts qu'il faut les pitcher un peu partout..

Notre constat à Ben et moi, le Centre Juno Beach mérite sa réputation. C'est un musée récent, plaisant, bien organisé, avec beaucoup d'articles interactifs, sonores et visuels, avec des artefacts suffisants et bien disposés, et surtout, des guides canadiens cutes, sympa et bilingues :)

Chapitre 4 - Retour à Caen
De retour à Caen, nous trouvons pour une deuxième fois consécutive un de ces jouets pour enfant que nous nous faisons un plaisir de tester. Il est 15h00 et nous avons deux objectifs: manger et prendre une bière. Il semble par contre que la possibilité d'offrir nourriture ET boisson soit difficilement concevable dans ce coin de pays. Nous marchons pendant près d'une heure, avec un objectif limité à ce stade de notre aventure. Notre ventre crie, notre portefeuille se plaint, et nous tentons de trouver un resto cheap.

Et Ben d'offrir ce que je n'aurais jamais osé demander: What about McDonald's?
Et oui. Et sans surprise, comme toujours, ça goûte la même chose et tu te sens tellement pas plus heureux après avoir engloutit le tout...

À ce moment de la journée, nous n'avons toujours pas réglé notre désir de boire une bière alors nous nous dirigeons vers notre arrêt d'autobus, pour ensuite biffurquer vers le port. Notre choix s'arrête sur un endroit qui avait plus tôt arrêté notre regard. Le bar se nomme Les Caves Thorel et l'aspect cave est bien présent, avec des murs en vieilles briques et des immenses tonneaux de bières. La serveuse doit bien avoir soixante-dix-douze ans mais elle s'évertue avec énormément de grâce à amener nos bières sans en renverser.

Avec un accent comme ça, vous êtes canadiens c'est sûr. Vous savez, à chaque fois que j'entends cet accent, ça me rappelle ma grand-mère. Ma grand-mère parlait le patois normand, avec un accent comme le vôtre, et elle parlait français comme moi et ma mère, mais toujours avec son accent. Ma mère n'aimait pas le patois alors elle s'est évertuée de perdre cet accent qui est le vôtre. Moi, je n'ai pas vraiment choisi vous savez. Cet accent-là n'allait qu'avec les aînés lorsque j'étais plus jeune!

C'est comme la première fois que les Canadiens nous ont libérés. J'avais quinze ans, alors je m'en souviens! Ça faisait 4 ans qu'on nous bombardait, 4 ans à avoir faim, la nourriture était rationnée vous savez! À Caen, quatre-vingt pour cent de la ville avait été détruite par les bombardements. Et les Allemands, ce n'étaient pas tous des anges. Plusieurs ont quitté la ville dès le début de l'invasion, mais ceux qui restaient, c'était des vrais, des durs de durs. À un moment, ils tiraient sur tout ce qui bougeait dans la ville: ca
nadiens, anglais ou civils. Oh, mais vous savez, je n'avais que quinze ans à cette époque. Ma mère avait peur, mais moi j'avais l'insouciance de mon âge. Non, je n'ai pas eu peur.

Quand les Canadiens sont arrivés, nous avons été très heureux d'entendre le français de nos grand-parents dans la bouche de ces proches cousins. Parce que, vous savez, nous sommes cousins deux fois. D'abord par la nouvelle-france, puis par le débarquement. Quand les Canadiens-français sont débarqués à Caen, à la fin août 44, ils nous ont donné du chocolat! Ça faisait des mois que tout était rationné alors vous imaginez le beau présent que cela était!

Je vous jure que ça a été la bière la plus historique de ma vie. Madame Thorel m'a laissé prendre ses soixante-dix-huit années en photo et nous lui avons promis de revenir lui rendre visite cet été. Elle travaille les samedis après-midi et les lundis pour donner des congés à son fils, qui a pris en charge le bar familial. La bâtisse a été reconstruite après la guerre et Les Caves Thorel servent depuis les années cinquante.

3 commentaires:

Maxyme G. Delisle a dit...

Ouah! T'as dla chance d'avoir pris des photos de madame Thorel.

En passant, j'lis pas souvent les post historique, j'préfere ceux qui parle de toi, mais lui c'tait un mixte des deux, alors je l'ai lu, pis jsuis content :)

Patrice a dit...

La prochaine fois que je me tape un big mac, je me ferme les yeux et m'imagine à Caen.

Le bistrot de Mme Thorel a l'air bien sympa et la photo de la dame est superbe. Si tu nous amène à Caen, après visité le mcdo, j'aimerais bien aller me désaltérer chez Mme Thorel.

Pour ce qui est du vélo tu peux aller faire un tour ici: http://www.pdn.ca/chroniques/Techaccess/techaligneroue.htm, tu y trouveras quelques conseils.

;-)

helene.. a dit...

mais c'était déjà prévu pat! Madame Thorel nous attend, la bière est frette, ses histoires sont prêtes!

 

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