Avant de venir ici, j'étais, comme la moyenne des québécois, peu touchée par tout ce qui était relié au Jour du souvenir, aux commémorations entourant la Seconde guerre ou encore à nos vétérans. J'y voyais un signe de patriotisme canadien aigu et je m'inscrivais dans la lignée des gens qui, culturellement, historiquement et personnellement, n’entretiennent pas de lien particulier face à leur devoir de mémoire.
Le contact de tous ces visiteurs qui sont intéressés par la guerre et le débarquement a toutefois tranquillement fait germer dans mon esprit une certaine réflexion. L’intérêt et la vigueur que mettent beaucoup de Canadiens-Anglais, mais aussi des Belges, de Hollandais et d’Allemands, entre autres, à faire un pèlerinage en ces lieux pour s’assurer de ne pas oublier et de pouvoir transmettre l’Histoire à leur enfants m’a beaucoup impressionné. De l’autre côté, les Québécois ont plutôt l’air de débarquer par hasard ici, n’ayant aucune idée de la présence du musée et de ce qu’il raconte. La goutte qui a fait déborder le vase a été l’attitude détestable de ce groupe de jeunes Québécois lors de la cérémonie avec Garth et Lise à la mi-mai. C’est ainsi que j’en suis venue à me demander pourquoi les Québécois refusent de se souvenir de la guerre ? Pourquoi tournons-nous au ridicule les célébrations telles que le Jour du souvenir ? Et pourquoi ne sommes-nous pas capables de voir plus loin que le glorieux militaire dans ces commémorations, d’y voir l’humain, la douleur et l’horreur et de se forcer à ne pas oublier ces souvenirs ?
J’espérais trouver une explication moins simpliste que de dire que notre attitude n’était qu’une simple opposition au Canada-anglais et au colonialisme britannique. Que ce n’était pas non plus un désintérêt historique et culturel. Que derrière notre attitude se trouvait un réel penchant vers la paix.
Je suis loin d’avoir fait le tour de la question, surtout que personne n’a daigné répondre à mes p’tites questions (sans rancune tout de même). Cette réflexion s’est faite en solitaire, sans être partagée avec qui que ce soit. Aussi suis-je peut-être égarée et complètement dans le champ, mais j’en doute fort, ou du moins je suis prête à débattre de mes idées.
Il m’a d’abord semblé important de remettre sur la table l’importance de parler de la guerre comme moyen de sensibilisation pour la contrer, le silence n’ayant jamais servi les causes pacifistes. Puis il m’a semblé primordial de mettre a nu cet inconfort qui persiste au Québec entourant tout ce qui est relié à la guerre. En voici le résultat.
Je me souviens
Je me souviens. Ces trois mots contiennent une réalité toute particulière, un engagement que les Québécois devraient toujours s’efforcer de perpétuer ; se souvenir.
Pourtant, s’il y a bien un sujet que les Québécois refusent ont peine à inclure à leur mémoire collective, c’est bien celui entourant les commémorations militaires. Le Jour du souvenir, le débarquement de Normandie, l’Armistice, etc. Au Québec, la participation du Canada à la Grande guerre mondiale et à la Seconde guerre mondiale est souvent considérée comme une participation coloniale, le Canada répondant à l’appel de la mère-patrie, en plus de refléter le clivage politique et culturel entre les Canadiens-Français et les Canadiens-Anglais.
Comme une majorité de Québécois, je suis pacifiste. J’ai manifesté contre la guerre en Iraq à – 40 º C et l’été dernier contre l’invasion du Liban. Par contre, je ne crois pas que le pacifisme puisse passer outre la commémoration d’événements, même si ceux-ci sont militaires, lorsqu’ils ont été déterminants dans l’histoire de l’humanité. Les Québécois tendent à croire que ne pas parler de la guerre équivaut à militer pour la paix et il s’agit là d’une attitude très regrettable. Le peu de célébrations présentes dans notre province entourant le Jour du souvenir s’inscrit en ce sens, tout comme le manque d’intérêt pour la date du 8 mai, marquant la fin de la Seconde guerre mondiale. En ce 6 juin 2007, nombreux seront les pays à commémorer le 63e anniversaire du débarquement allié en Normandie et le début de la fin du nazisme hitlérien. Au Québec toutefois, elle ne sera probablement pas relevée par les médias québécois, ou si peu.
Derrière de telles commémorations, se trouve pourtant la semence d’un mouvement global vers la paix. En nous repliant derrière une dichotomie paix/guerre, nous refusons d’inscrire à notre mémoire collective la signification réelle de la guerre et nous ne facilitons pas la conscientisation et l’éveil des jeunes générations aux enjeux humains entourant la guerre. Alors que la paix survit à travers la mémoire, les récits et les gens, la guerre émerge du silence et de l’oubli.
Nous devons réussir à sortir du carcan politique entourant les commémorations militaires pour réussir à faire de ces journées de réelles journées de commémorations pour la paix.
Il y a 63 ans, des milliers d’hommes prenaient d’assaut les plages de Normandie et scellaient le destin de l’Europe nazie. Je n’y étais peut-être pas, mais une chose est certaine, je me souviens.
2 commentaires:
hey petite hélène, jvais même pas prendre le temps pour être constructif (parce que c'est dur être constructif) mais: Veux tu bin me dire où tu trouves tout le temps et la force d'écrire tout ça?
et bien, le temps se fait parfois long ici. on a donc le temps de penser et d'écrire.. en plus, j'avais deux jours de congé et il faisait gris :)
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