3 mars 2001, Panama City, Panama
Bris technique. Mon avion n'est jamais décollé de Montréal. Merde. Je pars un an en échange, je suis seule, et mon foutu avion ne décollera jamais de Montréal. Je vais voir les agents de bord d'American Airlines et on m'offre de tenter ma chance avec Air Canada. On finit par m'allouer une place en première jusqu'à Newark. Une heure plus tard, en atterissant à Newark, mon transfert vers Panama City a déjà pris le ciel. Re-merde.
J'arrive à Panama le lendemain soir. Dernière arrivée d'un groupe de 23 étudiants, je suis aussi la seule à être (sic) la seule d'un pays: 2 nouvelles-zélandaises, 3 suisses, 4 japonaises, 5 thailandais, 7 australiens, et moi, en retard de 24 heures, seule canadienne. Il est 10 heure pm, je pue, je suis fatiguée et il fait chaud. On m'annonce qu'on attendait mon arrivée pour commencer le Talent Show, la spécialité AFS.
Quoi? Pouvez-vous répéter?
Un talent-show, par pays.
...
Les options qui s'offrent à moi sont les suivantes:
1) Retourner au Canada.
2) Me rouler en boule et refuser de participer. Pleurer peu aider.
3) Participer.
Pour ceux qui me fréquentaient à l'époque, vous connaissez la gêne immense qui habitait mon menu corps. Pour ceux qui ne me connaissaient pas, apprenez que je rougissais avant même que les professeurs ne me posent une question en classe.
Revenons à 2001. Que faire? J'accepte, non sans prendre préalablement une douche, l'option 3. Joues rougies, bégaiement accentué et accent franco-canadien sur le bord de la bouche (on interragit quand même en anglais):
I will... sing a French-canadian song... I think... I'm not sure... So just sing along.
(me souvenant que certains ne parlent pratiquement pas anglais...) Or repeat after me. Or not. Whatever...
(sur une air de chanson très connue) L'arbre est dans ses feuilles Maridon-Maridée, l'arbre est dans ses feuilles Maridon-don-dé.
Cela fut mon premier lancé du javelot, ma brisure de glace, la chute de laquelle je pus me relever. Je découvris sous ce couvert de gêne et de timidité une helene sachant affronter la vie, et les humains la peuplant! Une helene pouvant affronter foules et marées sans béquilles humaine ou morale! Mes amis d'échange ne me croyèrent jamais lorsque je leur expliquais plus tard que j'étais morte de trouille à me présenter seule devant eux ce fameux soir de mars 2001. Et pourtant, avais-je vraiment le choix?
21 juin 2007, Courseulles-sur-Mer, France
C'est la Fête de la musique et nous allons en ville, écouter un peu ce qui s'y fait. Un bon groupe de Blues joue et nous buvons une biére en les écoutant, tappant le rythme du pied avec allégresse. Chaque fin de chanson, alors que nous exclamons notre contentement, nous réalisons que les Français ne sont pas très expressifs. Ils applaudissent quasiment silencieusement et nos bravos semblent les déconcerter.
Le concert se termine et Mélanie-Eve, Katya et moi entonnons quelques chansons à répondre. Nous entamons les premiers couplets que je connais si bien:
(sur une air de chanson très connue) L'arbre est dans ses feuilles Maridon-Maridée, l'arbre est dans ses feuilles Maridon-don-dé.
Le groupe près de nous nous demande de chanter pour eux, intrigués par cette chanson. Cette fois-là, je vous jure que cette chanson représentait beaucoup plus que la gêne d'il y a 6 ans.
Alors que les couplets s'enchaînaient, les souvenirs affluaient et un sourire nostalgique me flottait aux lèvres. Cette fois-ci, j'ai eu le choix et je l'ai relevé avec un plaisir évident!
22 juin 2007
L'arbre est dans ses feuilles
scribouillé par helene.. Libellés : anecdote, confession, France, nostalgie
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2 commentaires:
Génial, vraiment une belle histoire!
Je pense que les chansons a répondre c'est la vie. Y a que ca de vrai a chanter autour du feu
Faut j'en aprenne plus!
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