À l'entrée en guerre du Canada en septembre 1939, des milliers de jeunes canadiens se portent volontaires. Plus de 60 000 soldats partiront quelques mois plus tard pour l'Angleterre. Au bout de presque trois ans, ce sont près de 200 000 soldats canadiens qui s'entraînent en Angleterre. Comme l'armée canadienne était complètement désuète avant la guerre, constituée de 8000 hommes sous-équipés, il importe d'entraîner les hommes correctement avant de les envoyer au front.
Ces soldats ne prendront pas part à une bataille en Europe avant août 1942. Montgomery ne veut pas envoyer trop de troupes canadiennes dans le nord de l'Afrique, puisqu'il craint l'opinion publique et ne veut pas se faire accuser d'envoyer les troupes "coloniales" en Afrique.
L'hiver de 1941-42 sera le plus éprouvant. Le froid et l'inaction impatiente les hommes. La police de Sussex, où s'entraînent les Canadiens, doit de plus en plus intervenir face au comportement des soldats. Viols, vols, beuveries et comportements violents font partie du quotidien et la réputation des Canadiens fait rapidement le tour du QG allié. Les journaux locaux font état à tous les jours du comportement des Canadiens, ces articles paraissant tristement à côté de ceux faisant état soldats du Sussex blessés, tués ou fait prisonnier au combat. Lord Haw-Haw, un animateur de radio britannique pro-nazi, dira d'ailleurs "if you really want to take Berlin, give each Canadian soldier a motor cycle and a bottle of whiskey; then declare Berlin out of bounds and the Canadians will be there within 48 hours."
Le raid préparé par les Alliés sur Dieppe est donc l'occasion idéale de donner aux Canadiens la chance de prendre part au combat et de se dégourdir les jambes. 6000 hommes prendront part au raid et ses objectifs sont divers et bien identifiés. En vue d'une invasion à plus grande échelle de la Forteresse Europe, les Alliés veulent vérifier si leurs troupes aériennes, navales et terrestres auront une bonne coordination et si l'équipement est au point pour une invasion en bonne et due forme. Ils veulent aussi s'assurer de pouvoir envahir un port fortifié, essentiel au débarquement de renfort, d'équipement, et de nourriture pour la poursuite d'une invasion. Finalement, ils veulent capturer des prisonniers et ramener des documents secrets. Le raid est ainsi planifié pour débuter aux petites heures du matin et pour se terminer dès la capitulation de la ville, avec un retour en Angleterre dans l'après-midi.
Une première opération, "Rutter", est prévue pour juillet 1942 sur Dieppe. Cette opération combinée, alliant les forces terrestres et maritimes et aériennes, sera finalement annulée de par la conjoncture de mauvaises conditions météorologiques et d'un raid de la Luftwaffe atteignant par hasard les troupes devant prendre part à "Rutter" le soir précédent le raid. Quelques jours plus tard, plusieurs informations sont diffusées sur l'opération, par les soldats mais aussi par les journaux qui donneront de nombreux détails sur l'opération, maintenant chose du passé. Ou non?
Effectivement, moins d'une semaine après l'annulation de "Rutter", l'opération "Jubilee" est mise en place, avec exactement le même objectif et les mêmes tactiques. Nombreux sont ceux qui croient que les Allemands ne douteront jamais de la planification d'un deuxième raid sur Dieppe après l'annulation du premier. Les opinions divergent toutefois sur la reconduite du raid dans son entièreté. Effectivement, allemand ou allié, un officier apprenant que son ennemi avait planifié un raid sur ses défenses a tout intérêt à fortifier et augmenter ces mêmes défenses.
Lors de la préparation du raid, les rapports indiquèrent que la ville était peu défendue et que ses plages permettraient le débarquement d'infanterie et de blindés. Il s'avèrera que les informations que détenaient les Alliés sur les défenses allemandes autour de Dieppe étaient incomplètes. Dieppe est une ville encastrée entre d'immenses collines. Sur ces collines se trouvaient des stations radios allemandes et de nombreux bunkers, le tout défendu par une unité d'expérience allemande. Toutes les entrées de la ville étaient bloquées par des blocs de bétons et la distance entre la mer et la ville était d'environ 400 mètres. 400 mètres à parcourir à pied, avec des tirs ennemis nourris en provenance de la ville et des hauteurs avoisinantes. Les Alliés n'avaient finalement pas pris en considération le fait que la plage de Dieppe fait partie d'une centaine de kilomètres de côtes de galets en Normandie. Ces galets forment des monticules irréguliers en plus d'être assez gros pour freiner la marche à pied.
Cherchant à obtenir le support de la marine pour effectuer des tirs sur la côte pendant le raid, les planificateurs essuyèrent un refus qui allait s'avérer très couteux dans l'ordre de bataille. De peur de perdre un précieux cuirassé (battleship) dans une attaque frontale de jour, la Marine refusa de prêter un bâtiment avec une bonne puissance de feu et l'assaut dû être préparé seulement avec des destroyers. D'un autre côté, la possibilité de bombarder la ville avant et pendant l'invasion fut écartée, pour éviter de donner l'alerte.
Le désastre de Dieppe ne serait-il que le résultat d'informations erronées et de décisions mal-éclairées et égoïstes de la part de certains dirigeants ? N'est-il pas facile de juger les décisions alliées avec le recul et d'effectuer un peu de révision historique?
À SUIVRE...
13 juin 2007
Dieppe - première partie
scribouillé par helene.. Libellés : histoire
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2 commentaires:
Eh que c'est bien écrit, j'ai presque envie de te demander si tu as fait un copier-coller... juste pour te taquiner, ha, ha,ha ! J'ai très hâte de lire la suite !
Matante Saint-Jacques
Nous avons une nouvelle expo au musée Stewart et je vais devoir donner des visites ; l'expo s'intitule "Canada-Normandie" !!! Je serai en plein dans ton sujet Hélène et je vais devoir lire beaucoup sur le débarquement...j'ai d'ailleurs beaucoup d'articles à lire qui proviennent d'où tu travailles et je me suis entretenue ce matin avec le conservateur du Chateau-Musée de Dieppe. Il est fort sympathique et si tu passes par son musée, tu devrais y jetter un oeil. Notre expo est moitié "collection du musée Stewart" moitié "Chateau-Musée de Dieppe". Alors voilà ! je t'en reparle quand j'y aurai jetté un oeil...
quel hasard quand même !
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